Le théâtre est un réel en colère contre lui-même.

Mon théâtre a pour seul but de rendre fou un adolescent.

Le théâtre est un costume de nudité.

Le théâtre est une intériorité nue qui marche dans la rue.

Le théâtre est manducation de la parole.

Le théâtre ne sèche pas les larmes, il les épure.

Le théâtre est le lieu où le désir est un acte.

Le temps du théâtre est la recherche du présent perdu.

Le théâtre est une cohue inspirée.

Le théâtre, c’est se maintenir sur le chemin des qui-vive.

Le théâtre est ce qui nous permet de contempler la mort sans en mourir.

Le théâtre est une jeunesse éternelle au savoir joyeux.

Le théâtre est un radeau dans le naufrage du siècle.

Le théâtre est un pansement sur la blessure du langage.

Le théâtre est là pour nous dégoûter d’un monde qui se donne comme désirable.

Le théâtre est une joie errante.

Le théâtre est le pollen de l’être.

Le théâtre est un ouragan lent.

Le théâtre est un paratonnerre que chacun a dans le fond de sa langue.

Le théâtre est pyromanie.

Le théâtre est une école où l’on apprend à ne pas comprendre.

Le théâtre est un permis de construire sur la Lune.

Le théâtre est une horloge exacte mais qui ne donne pas l’heure.

Le théâtre est la patrie de l’impatience.

Le théâtre est un calumet de la guerre et une hache de la paix.

Le théâtre est une tête coupée qui continue de chanter.

Le théâtre c’est apprendre à vivre sans réponse.

Le théâtre c’est la passion des grands espaces dans une boîte d’allumettes.

Le théâtre est un pays où l’étranger a tous les droits.

Olivier PY, Les mille et une définitions du théâtre, 2000.